OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Ces hackers devenus mercenaires http://owni.fr/2012/10/23/ces-hackers-devenus-mercenaires/ http://owni.fr/2012/10/23/ces-hackers-devenus-mercenaires/#comments Tue, 23 Oct 2012 15:14:18 +0000 Pierre Alonso http://owni.fr/?p=123847 Les nouveaux barbouzes. Le monde opaque du renseignement privé, des barbouzeries, surgit parfois à la faveur d'affaires judiciaires. Les protagonistes sont alors des grands flics, des anciens des services secrets, des dirigeants du CAC40, parfois des pirates informatiques. ]]>

C’est l’histoire d’un triangle, de trois personnages incarnant trois univers bien réels. Les officines d’abord. Elles sont au cœur du livre que signe Emmanuel Fansten, Les nouveaux barbouzes (Robert Laffont). S’y retrouvent des anciens des services spéciaux, des grands flics et des pirates informatiques, hackers du côté obscur surnommés les “black hats”.

Les nouveaux barbouzes

Dans cette enquête-polar, le journaliste Emmanuel Fansten plonge dans le monde du renseignement privé, le monde des barbouzes. Le secteur, officiellement labellisé “intelligence économique” s’est développé à partir des années 1990 en France. Les anciens des services secrets croisent les grands flics corrompus et de hauts fonctionnaires en activité. Lorsqu’elles sortent, les affaires d’espionnage (Renault, Canal Plus, EDF, Vivendi…) conduisent parfois au sommet de l’État. Les bonnes feuilles ont été publiées sur Slate.

Deuxième composante du triangle : les services de sécurité intérieur français, principalement la Direction de surveillance du territoire (DST) devenue en 2008 la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI). Enfin, les grandes entreprises du CAC40 par l’intermédiaire de leur service de sécurité.

Ce système opaque n’est porté à la connaissance du grand public qu’à la faveur d’affaires judiciaires. Des affaires pelotes jamais entièrement remontées. Dans l’une des affaires racontées par Emmanuel Fansten, les protagonistes s’appellent Greenpeace et EDF, Vivendi, la Direction des chantiers navals (DCN), Karachi.

Tous gravitant autour d’un pirate informatique.

Dans votre livre, vous consacrez un chapitre à Alain Quiros, pirate informatique passé des petites missions de dépannage à des affaires d’État, l’affaire Karachi en l’espèce. Quelle a été sa trajectoire ?

Alain Quiros est au croisement de plusieurs affaires importantes. Je l’ai rencontré lors du procès EDF. Il apparaît aussi dans une affaire concernant un laboratoire sollicité par le Tour de France (le LNDD), et l’affaire Vivendi…

Au départ, Alain Quiros n’a aucun lien avec le milieu du renseignement. Il voulait devenir pompier, rien ne le destinait à devenir apprenti barbouze. Il est arrivé par hasard dans le secteur de l’intelligence économique, un secteur fourre-tout qui va de la sécurité au renseignement, sans être vraiment contrôlé. Alain Quiros a commencé par la sécurité physique de certains sites à la Défense, avant de travailler pour le petit cabinet d’intelligence économique d’Alain Richard. À l’époque, il partageait ses locaux avec une figure du secteur : Philippe Legorjus, un ancien du GIGN qui a quitté ses fonctions après le fiasco de la grotte d’Ouvéa.

Le pirate informatique Alain Quiros est fasciné par ce monde du renseignement auquel il n’appartient pas. Un peu par hasard, par l’intermédiaire de Philippe Legorjus, il rencontre Thierry Lohro dans une soirée à Nantes.

Thierry Lorho, un ancien du “service Y”, le service opérations de la DGSE ?

Oui, Lorho est passé par la DGSE et n’hésite pas à le mettre en valeur notamment auprès de jeunes comme Quiros. Thierry Lorho a une petite société, Kargus Consultant, qui travaille beaucoup sur les opérations informatiques. Sur le papier, uniquement via des sources ouvertes, les forums, les blogs etc. Thierry Lorho comprend très vite le potentiel d’Alain Quiros en terme de piratage.

Au début, il lui demande des petits services, sécuriser sa boite email, espionner le mari d’une amie… Un jour, il lui demande de pénétrer l’ordinateur d’une personne présentée comme un ancien salarié. Au fil du temps, Alain Quiros devient l’un de ses principaux sous-traitants.

Alain Quiros est donc un exécutant ? Était-il conscient de ce qu’il faisait ?

Au procès, il est apparu très clairement comme la victime du système, lâché par les donneurs d’ordre. Il gagne de l’argent pour chaque opération, environ 1 000 euros. Il ne mesure pas les risques qu’il encourt. C’est un informaticien pur ! Il cherche la prouesse technique, la performance.

Tout bascule quand il est mis sur le dossier EDF. Thierry Lorho organise sa rencontre à la terrasse d’une brasserie en plein Paris avec le numéro deux de la sécurité d’EDF, Pierre François, un ancien flic.

Un nom sort : Yannick Jadot, le directeur des opérations de Greenpeace. Alain Quiros accepte de pirater son ordinateur. Il a besoin d’une adresse mail, envoie un cheval de Troie en pièce jointe et cherche ensuite dans le disque dur de la cible grâce à une liste de mots-clés fournies par le demandeur.

C’est le premier basculement. Ensuite, une autre personne, le plus mystérieux de l’histoire intervient : Jean-François Dominguez, un ancien légionnaire.

Lui débarque un peu plus tard, après l’affaire d’EDF. Il va voir Lorho pour trouver un pirate informatique qui sera Alain Quiros. Lorho est le seul à connaître tous les protagonistes. Jean-François Dominguez veut des informations sur l’avocat des petits porteurs de Vivendi, Maître Frederik-Karel Canoy. Il donne à Quiros des instructions très précises dans une enveloppe kraft à la terrasse d’un café. Tout fonctionne.

Vient plus tard l’affaire du laboratoire du Tour de France (LNDD) qui donne vraiment l’impression d’avoir affaire à des amateurs alors que les enjeux sont énormes. Comme très souvent dans l’espionnage industriel, il n’y a aucun contrôle en amont. Les affaires n’éclatent que s’il y a un dérapage. Et le dérapage arrive avec cette affaire. L’avocat de Floyd Landis qui avait commandé ces documents les a publiés sur son blog. L’affaire la plus anecdotique, même si elle est grave, a permis aux enquêteurs de remonter le fil : EDF, Greenpeace, Karachi.

Malgré les procédures judiciaires, plusieurs énigmes demeurent : pour qui travaillait Dominguez ? Quelles étaient les relations de Pierre François avec la DST ?

Au cours de l’instruction, Dominguez et Lorho se sont rencontrés pour se mettre d’accord, mais le juge l’a su. Chacun a choisi une ligne de défense différente : Lorho en balançant EDF pour se dédouaner sur le reste ; Dominguez en refusant de parler. L’avocat espionné, Maître Frederik-Karel Canoy, a suggéré que Vivendi était le commanditaire. Rien ne permet de l’affirmer, mais qui d’autre aurait intérêt à se renseigner sur la bête noire de l’entreprise, l’avocat des petits porteurs ? À l’époque, la principale société d’intelligence économique, Atlantic Intelligence dirigée par Philippe Legorjus, comptait Vivendi parmi ses clients.

Aujourd’hui le procès d’EDF est passé, l’entreprise a été condamnée en tant que personne morale, fait rarissime et très symbolique dans ces affaires.

Sans faire toute la lumière sur les liens avec la DST…

Pierre François est non seulement le numéro deux de la sécurité d’EDF, mais aussi le correspondant de la DST dans son entreprise avec qui il est en contact régulier. Ces contacts sont fréquents, c’est la zone grise du renseignement. Depuis l’affaire du Rainbow Warrior qui a été un vrai traumatisme, les services préfèrent garder leur distance ou donner un feu orange, en tout cas ne pas trop se mêler de ce genre d’affaire.

Dans sa plaidoirie, l’avocat d’EDF, Alexis Gublin, a chargé la DCRI en allant jusqu’à laisser entendre que l’entreprise aurait pu être victime d’une opération scabreuse. Cette plaidoirie a été très mal vécue à la DCRI. Thierry Lorho lui-même avait un agent traitant qui a confirmé leurs rencontres fréquentes. Lorho pouvait potentiellement lui apporter des informations sur des affaires en cours. C’est l’archétype de l’ancien des services reconverti dans le privé tout en conservant des contacts avec la maison. Il joue les électrons libres. Difficile d’imaginer que la DST puis la DCRI, n’aient pas été au courant des magouilles de Thierry Lorho !

C’est un triangle avec la DCRI, Thierry Lorho et Pierre François, donc entre l’État, les officines et les services de sécurité des grandes entreprises.

D’autres pirates travaillaient-ils pour Thierry Lorho ?

Certains le prétendent, mais rien ne permet de l’affirmer.

D’autres entreprises de sécurité, Géos, Risk&Co ou autres, font-elles appel aux compétences de pirates informatiques ?

Des sociétés spécialisées dans le renseignement informatique existent et font appel à des pirates pour cartographier les réseaux etc. Rien d’illégal. Parfois, ils franchissent la ligne jaune. La frontière est ténue. Pirater un ordinateur est la manière la plus rapide et la plus certaine d’obtenir des informations. Certains hackers sont devenus des mercenaires du renseignement. Le cas de Quiros est typique : les mercenaires sont dans des situations précaires, quand ils se font choper, l’entreprise se dédouane. Ce sont deux univers très différents qui se rencontrent. Alain Quiros est la partie immergée d’un système très vaste.


Photo par An untrained eye [CC-bync]

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Sur les traces de la PirateBox http://owni.fr/2011/04/20/sur-les-traces-de-la-pirate-box/ http://owni.fr/2011/04/20/sur-les-traces-de-la-pirate-box/#comments Wed, 20 Apr 2011 08:20:26 +0000 microtokyo http://owni.fr/?p=56561

Passer un week-end à la campagne a du bon : rien de tel qu’une randonnée pour entretenir vos muscles et voir les effets de la rurbanisation. Se mettre au vert, c’est aussi l’occasion d’un apéro au cours duquel vos amis vous soufflent votre prochain sujet de post. Samedi soir, c’est donc au pote/DJ/producteur de drum n’bass-dubstep Jean Zar de délivrer le précieux mot clé : PirateBox. Qu’il soit à nouveau remercié ici, la notion de piratage urbain me taraudant depuis la visite de la Demeure du chaos.

Les corsaires du XVIIIe siècle auraient pu se cantonner aux cours de récré si leurs aspirations ne nourrissaient pas aussi celles des adultes. Que mettent en scène des œuvres aussi différentes que la saga Pirates des Caraïbes et le célèbre essai d’Hakim Bey, TAZ [pdf] - Zones d’autonomie temporaire (1997) ? Des individus réunis dans des espaces démocratiques où chacun échange et partage librement, en marge d’un État centralisateur distillant l’information au compte-goutte à ses populations. À moins d’être vraiment réac’, comment ne pas adhérer ?

Hadopi, muse des hackers ?

Intéressons-nous à Bey. Dès le début du web, il voit dans ce réseau non hiérarchisé d’informations le terreau idéal pour ses zones temporaires d’autonomie. L’évolution de la marche mondiale lui donnera raison :

Comme Gibson et Sterling, je ne pense pas que le Net officiel  parviendra un jour à interrompre le Web ou le contre-Net. Le piratage de données, les transmissions non autorisées et le libre-flux de l’information ne peuvent être arrêtés. En fait la théorie du chaos, telle que je la comprends, prédit l’impossibilité de tout Système de Contrôle universel. Le web n’est pas une fin en soi. C’est une arme.

Une arme ? Plutôt un arsenal : co-production de logiciels libres, hackers, espaces d’expression participatifs et communautés affinitaires sont autant de techniques permettant de contrer lois et monopoles.

Dernière pépite française en date, Hadopi, ou comment faire la chasse aux internautes soupçonnés de télécharger illégalement des fichiers sur le principe du mouchardage. Dans un premier temps, des acteurs privés comme les ayants droit et les éditeurs épient puis dénoncent les adresses IP des ordinateurs incriminés en s’invitant dans les échanges  peer-to-peer. Le ver est dans le fruit.

C’est ensuite Hadopi (donc l’État) qui sévit : mails d’avertissement, lettres en recommandé, amende, voire suspension de connexion ou procès. Surveiller et punir, on connaissait déjà la chanson. C’était sans compter sur la débrouillardise des internautes fort empressés d’appliquer la stratégie de la disparition si chère à Nietzsche, Foucault et Deleuze. S’extraire du regard omniprésent de la loi en cryptant l’adresse IP de son ordinateur personnel ou en indiquant une fausse.

Le développeur allemand I2P [en] propose ainsi un réseau d’adresses IP anonymes. Le navigateur libre Mozilla va dans le même sens en proposant la fonctionnalité Do not track [en]. Cette stratégie renvoie peut-être à deux demandes de liberté plus fondamentales : celle d’échanger librement des paroles et des fichiers, et celle d’utiliser le web anonymement, en toute privacité , sans être traqué par d’innombrables mouchards – sites, navigateurs et moteurs de recherche en tête. Les données de votre connexion Internet engraissent bien des informaticiens et des marketeurs !

Elle revient à moins de 100 euros

Si cette dernière phrase vous donne la chair de poule, c’est que la PirateBox [en] est pour vous. Conçue par l’universitaire new-yorkais David Darts [en], c’est une boîte à repas pour enfants… abritant une plateforme WiFi portable permettant de chatter et de partager tous types de fichiers dans le plus parfait anonymat. Sobrement composée d’un routeur wireless, d’un serveur Linux connecté à un disque dur USB et d’une batterie, la PirateBox permet à tout internaute se trouvant à proximité de se connecter et d’échanger avec les membres du réseau. De quoi satisfaire les plus mobiles d’entre nous !

Fonctionnant en réseau fermé (pas de raccord avec d’autres box ou d’autres sites), les avantages sont nombreux : le caractère éphémère et hyperlocal du réseau permet de rencontrer de nouvelles têtes partout où se trouve une PirateBox. On rompt ainsi avec l’entre soi assez typique des communautés supposées plus ouvertes (Facebook, QuePasa…).

D’autre part, le fait que la box n’enregistre ni votre adresse ni votre historique de navigation permet d’échanger des fichiers sans risquer de passer sous les fourches caudines des sbires d’Hadopi. Mobilité, privacité et simplicité semblent les atouts de cette box enfantine. Histoire de joindre l’utile à l’agréable, le design du skull apporte un doux parfum de détournement.

Mais le plus fort dans cette affaire, c’est que, dans le plus pur esprit Do It Yourself, vous pouvez monter une PirateBox vous-même pour moins de 100 euros. David Darts est un mec bien, il vous laisse les tutoriels ici [en] ! On vous sent brûlant d’impatience, regardez ce petit docu :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Déjà utilisée à NYC, Oslo ou Paris, la boîte pirate est bien plus qu’un simple gadget technologique. En misant sur son caractère artisanal et privatif, elle relativise la notion (si tendance) de trace numérique.

À l’heure où l’on parle à tout bout de champ d’éditorialisation participative de la ville, la Box semble remixer plusieurs leitmotivs alternatifs : la générosité et la bonne humeur hippie, le no future punk des années 70, la méfiance des radios rock face aux industries culturelles et l’anonymat des  raves parties des années 1990.

La PirateBox n’en finit pas avec les traces. Elle permet aux usagers à la fois d’en laisser entre membres du réseau (amitiés naissantes, partage de fichiers et de valeurs), et de ne pas en laisser à leur insu à des acteurs du web intéressés par l’argent et/ou le pouvoir.

Le savoir, j’y ai droit !

On le sait, la technologie n’est qu’un outil. Elle ne donne ni le mode d’emploi clé en main ni le sens à la société qui l’utilise. Toute généreuse que soit la PirateBox, elle ne résout pas la confusion qui s’opère souvent entre désir d’accès pour tous au savoir et protection des droits d’auteurs. A moins de devenir soi-même un tyran, on ne peut systématiquement en appeler à la générosité forcée de celles et ceux qui créent quelque chose de leur tête et/ou de leurs mains.
Risquons-nous à cette banalité : en ce monde où il est difficile de ne vivre que d’amour et d’eau fraîche, il est légitime pour un créateur de vouloir et pouvoir gagner sa vie avec son travail. La PirateBox aurait t-elle le même potentiel d’effet pervers que les échanges peer-to-peer ?

David Darts propose la Free Art Licence [en], sur le principe du copyleft, double jeu de mot par rapport au copyright. Parmi les grands axes de celui-ci, copying in not theft !. En d’autres termes, un auteur peut autoriser la copie, la diffusion, l’utilisation et la modification de son œuvre par des tiers.

Sans être juriste, on peut se rappeler ce que disait le sociologue Marcel Mauss il y a près d’un siècle : toute société, à commencer par celles traditionnelles non régies par l’argent roi, fonctionne sur le principe du don et du contre-don. Le fait d’avoir toujours une obligation de réciprocité, fut-elle symbolique (reconnaissance, soutien, participation), permet d’équilibrer les rapports sociaux et rend possible davantage d’égalité. Ce que fait l’autre est à la fois un don et un dû dès lors que je m’inscris dans la même logique d’échange.

Cette PirateBox, on l’aime parce qu’elle est accessible à tous, nous fait gagner en privacité et facilite la diffusion du savoir hors des seuls paramètres du profit. On l’aime aussi en ce qu’elle est un outil de questionnement sur nos pratiques de téléchargement et notre rapport à la production d’œuvres. Le débat amorcé par les licences libres et l’éthique sont de bonnes pistes.

Par exemple, cette maxime de la plate-forme de labels musicaux indépendants, CD1D : télécharger c’est découvrir, acheter c’est soutenir. Mais aussi, celle de Lénine reprise par quelqu’un de plus pacifique, Edgar Morin : moins mais mieux.


Publié initialement sur le blog Microtokyo, sous le titre, Avec la Pirate Box, partager votre butin !
Crédits photos et illustrations :
Photos de la Pirate Box par David Darts [cc-by-nc-sa] ; Logo du Copyleft stylisé pirate ; Leaker-Hacker par Abode of Chaos [cc-by] sur Flickr

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Gene Simmons (KISS): visionnaire à 30 ans, réactionnaire à 60 http://owni.fr/2010/11/19/gene-simmons-kiss-visionnaire-a-30-ans-reactionnaire-a-60/ http://owni.fr/2010/11/19/gene-simmons-kiss-visionnaire-a-30-ans-reactionnaire-a-60/#comments Fri, 19 Nov 2010 16:59:09 +0000 Valentin Squirelo http://owni.fr/?p=28143 Cette semaine se déroule la 5eme édition de M for Montreal, festival visant à favoriser l’export des nouveaux talents canadiens. Des délégués du monde entier se sont réunis dans la capitale pour assister aux nombreux concerts et aux différents moments dédiés à l’échange de carte de visite.

OWNImusic s’est embarqué sur place pour vous ramener quelques perles musicales à découvrir dans les semaines qui viennent… et vous tenir au courant de ce qui se passe par la bas.

Pour l’ouverture du festival, l’organisation a frappé un grand coup. Rien de moins que Gene Simmons, charismatique bassiste de KISS et business man accompli, resté dans les mémoires pour ses nombreuses provocations. Il est également présent tout au long du festival, accompagné des équipes de son reality-show, “Gene Simmons, Family Jewels”. Tout un programme.

En attendant les bijoux de famille de l’ex-démon, conférence de presse et débat sur le branding entre Gene Simmons et le cofondateur de l’agence de communication Sid Lee. Une bonne occasion de se pencher sur cette figure majeure de l’industrie musicale, malheureusement ancrée dans un autre temps.

Visionnaire à 30 ans

Musicien autodidacte et fan de comics, il créé en 1973 le groupe KISS avec Paul Stanley. Dès le début, Gene Simmons prend un main le développement commercial de son groupe. En ligne de mire, un seul objectif: devenir des rock stars. Pour y parvenir, il se fixera pour ligne directrice de faire de KISS une marque.

Le groupe de hard rock va dès le début jouer sur l’identité de ces quatre membres: maquillage délirant et surnoms dignes de stars du catch (The Demon, Starchild, The Catman et The Spaceman). La renommée du groupe explose fin 1975 avec l’album Alive!, qui les propulse en tête des charts. C’est le début de la KISSmania et des concerts spectaculaire, remplis d’effets pyrotechniques, qui donneront définitivement un autre sens au concept de rock star.

Gene Simmons va développer les licences et le merchandising (plus de 2 500 produits différents à leur nom aujourd’hui) qui vont donner du poids à la marque KISS et générer des centaines de millions de dollars. La marque a d’ailleurs été évaluée à plus de 1 milliard de dollars.

Au delà de cette stratégie de marque, Gene Simmons a également été également mis en place un véritable plan de conquête et de fidélisation de ses fans. Bien avant que le “direct to fan“ou la “fan base” soient prononcés dans chaque réunion de consultant en marketing muscial, KISS a innové en développant une street team, la KISSarmy. Une communauté de fans qui aura servi plus que toute campagne de pub la carrière et la notoriété du groupe.

En créant cette expérience globale autour de KISS, Gene Simmons a réussi à valoriser son groupe bien au delà de la seule musique, en témoigne les nombreux fans présents à Montreal ces jours ci pour l’apercevoir. Pourtant, il semble qu’on ne puisse pas rester visionnaire toute sa vie.

Réactionnaire à 60 ans

L’ancien modèle est le seul modèle qui marche

Cette phrase, prononcée lors de sa conférence de presse, résume bien la position de Gene Simmons sur l’évolution des usages de consommation de musique à l’heure d’Internet. Farouche opposant au téléchargement illégal, il s’est illustré par de sulfureuses déclarations ces dernières années.

En 2008, répondant à la question d’un journaliste à propos de l’éventuelle sortie d’un nouvel album de KISS, Gene Simmons a déclarait :

Elle est six pieds sous terre, et malheureusement ce sont les fans qui ont ont fait ça. Ils ont décidé de télécharger et de partager des fichiers. Il n’y a plus d’industrie du disque autour de nous donc nous allons attendre que tout le monde se mette d’accord et devienne civilisé. Dès que l’industrie du disque remontre le bout de son nez nous enregistrerons de nouveaux morceaux.

Il a également fustigé le groupe Radiohead, l’accusant de causer rien de moins que “la mort de la civilisation”en distribuant en pay what you want (prix libre) leur album “In Rainbows”.

Plus récemment, lors du MipCom 2010, salon international du contenu audiovisuel qui se déroulait à Cannes, il a confirmé:

Faites en sorte que votre marque soit protégée. Soyez certains qu’il n’y a itaucune incursion. Soyez litigieux. Poursuivez tout le monde. Prenez leur maison, leur voiture. Ne laissez personne franchir la ligne.

Il a aussi reproché à l’industrie du disque de ne pas avoir “eu les couilles de poursuivre chaque adolescent qui a téléchargé de la musique“.

Réaction immédiate du groupe anonymous sur 4chan, de nombreuses attaques DDoS (plusieurs dizaines de milliers de connexions simultanées sur un site Internet) ont bloqué l’accès à son site personnel et à celui de son label, Simmons Record. Le FBI a d’ailleurs ouvert une enquête à ce sujet début novembre

La classe, c'est dans les détails...

C’est bien le même personnage que nous avons eu l’occasion de découvrir à Montréal.

Il n’a eu de cesse de faire l’apologie du dépôt de marque (trademark), encourageant à déposer le moindre nom, geste ou concept. Pour lui, c’est une aberration qu’un pays comme le Canada n’ait pas déposé son drapeau en tant que marque, se privant de milliards d’euros de royalties sur l’exploitation du visuel. Il a également conseillé à l’église catholique de trademarker la croix, ce qui permettrait à cette dernière d’arrêter de quémander de l’argent.

Suffisant et provocant, il a réitéré mot pour mot ses précédentes déclarations, et promis qu’il allait rétablir l’ordre au sein du chaos généré par internet, et faire emprisonner tout ceux qui partagent la musique sur internet.

Ouvre les yeux Gene !

Gene, il faut qu’on te tienne au courant : la musique est désormais libre et partageable, de fait. On peut le regretter, on peut s’en réjouir, mais une chose est sur, c’est établi désormais.

La musique est un language universel et Internet connecte aujourd’hui les hommes et les cultures. Ça y est, la rencontre s’est faite. Un melting pot magnifique est en pleine naissance, toutes les influences s’enrichissent et jamais il n’y a eu une telle profusion de musique.

Rien n’arrêtera cette révolution culturelle, et c’est tant mieux.

On peut s’accrocher à l’ancien modèle et se plaindre, mais ce serait nier les cycles économiques qui redistribuent les cartes régulièrement. Edith Piaf se plaignait de l’arrivée des vinyls et des Teppaz (platines avec haut parleur) dans les années 50, les accusant de ruiner les artistes qui vivaient de la scène, en proposant un accès facile et peu onéreux à des enregistrements. On sait aujourd’hui l’envolée spectaculaire que cette évolution technologique a permis, donnant naissance à l’industrie du disque.

Ce sera la même chose dans les années qui viennent. Certes cela bouscule tout, obligeant l’industrie à se restructurer, des métiers disparaissent, d’autres émergent.

Nous passons d’une période prospère mais éphémere où l’on vendaient à la pelle des CDs à une période où nous devons réinventer de nouvelles manières de valoriser la musique.

Une chose (une encore…) est sure: les réponses seront aussi nombreuses que les moyens d’écoute disponibles aujourd’hui. Il faudra réussir à créer une expérience autour des oeuvres musicales, développer des univers enrichis, et non plus se contenter de simples compilations de morceaux d’un artiste.

Internet et la technologie nous permettent de créer de la valeur au delà du simple fichier MP3 et de se connecter au monde entier, profitons-en Gene.

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Crédits photos CC flickr : Anirudh Koul

autres photos CC : @ownimusic

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Hadopi : fabrique de pirates ! http://owni.fr/2010/03/10/hadopi-fabrique-de-pirates/ http://owni.fr/2010/03/10/hadopi-fabrique-de-pirates/#comments Wed, 10 Mar 2010 12:01:37 +0000 Stéphane Favereaux http://owni.fr/?p=9774 hadopi_20090501_017c2a9pierre-meunie

Si dimanche dernier fut un jour sombre avec la publication au JO du dernier décret rendant applicable le dispositif mis en place par la scélérate Hadopi, tout espoir n’est pas perdu…. Ce texte concernant la protection des données personnelles sur lequel la CNIL devait statuer, passe relativement inaperçu dans un flux d’info continue d’élections régionales pitoyables de médiocrité. Mais il fallait bien qu’une bonne nouvelle vînt égayer nos journées de pirates /-)

Et la lecture de la presse pertinente (bien que le Figaro aussi ait fait un article aussi sur le sujet) permet de découvrir  ou plutôt de confirmer que Hadopi fabriquait, au final, du Pirate. J’aime l’odeur du napalm au petit déjeuner…http://www.lefigaro.fr/icones/coeur-.gif

Le moindre pirate, le moindre internaute au fait de l’actu savait cette loi inefficace, mais de la à ce qu’elle soit totalement contreproductive… Pascal Nègre va devoir s’attacher à son siège présidentiel… Ça va valser dans les P2P et les réseaux… Vos espoirs, mon cher Pascal, comme nous le présentions, vont être mis à mal.

L’industrie musicale voulant protéger son pré-carré finit par en faire sauter plus encore les frontières seigneuriales. Une petite étude délicieuse de l’Université de Rennes menée par Sylvain Dejean, Thierry Pénard et Raphaël Suire tend à prouver que depuis l’adoption de Hadopi et maintenant qu’elle est applicable, le nombre de pirates /-) a augmenté de 3 %, et surtout qu’ils mettent en place des techniques de téléchargement contournant la loi Hadopi. En soi, ce n’est pas un scoop mais cette étude de Rennes 1 vient pour la première fois étayer les présupposés de la blogosphère.

Haut les mains, vilain pirate !

Haut les mains, vilain pirate !

Cette loi a mis sur la place publique le fait qu’il était possible techniquement de télécharger en étant pratiquement tranquille ; elle a permis la découverte par nombre de petits pirates de procédés techniquement plus élaborés, de fait, n’entrant pratiquement plus dans le champ d’investigation de l’Autorité qui commence déjà à en perdre.

Loin d’être l’épée de Damoclès 2.0 que les tenants de la Hadopi espéraient, seuls 15 % des téléchargeurs habitués aux P2P ont cessé leurs activités dorénavant illégales… on se tourne vers le streaming illégal et Downloadhelper par exemple, merci illimitux…. Rapidshare ou megaupload ont encore de beaux jours et de beaux pirates devant eux… et donc en nombre croissant.

Hadopi n’a guère voulu tenir compte des avis spécialisés concernant les méthodes alternatives de téléchargement, elle n’a qu’à s’en vouloir à elle-même… Elle joue les ignorantes quand les internautes se refilent les tuyaux pertinents….

Hadopi trépigne devant sa boîte mail en attendant d’envoyer les premiers coups de semonce inopérants… et les Pirates du web continuent d’acheter davantage de supports physiques, de CD ou DVD entre autres puisqu’ils découvrent davantage de perles cinématographiques ou musicales.

hadopi_20090501_063c2a9pierre-meunie

De fait, nous couper l’accès au Net risque de faire baisser les ventes de ces supports voués à moyen ou long terme à disparaître, à tout le moins à voir leur production revue conséquemment à la baisse dans le cadre de la mise en place de plateforme réellement pertinente de téléchargement légal. Bien que sur ce point les doutes sont de plus en plus conséquents…

Les multiples fermetures et réouvertures et aventures de The Pirate Bay n’ont rien changé, les menaces sur les internautes non plus. Hadopi est une loi profondément ignorante, tout comme les lois sécuritaires en général qui veulent mettre le Net sous surveillance. Elle ignore tout de ce qu’est le web, des internautes et des pratiques mises en place pour contourner les lois et autres dispositifs techniques de surveillance.

D’après l’excellent article des Echos, 3 millions d’internautes indélicats avec la loi passeraient à l’acte et à travers les mailles de la Haute Autorité …

Si l’on devait apporter une conclusion temporaire à cette loi, les internautes nouvellement pirates remercient Hadopi. Elle leur a permis de découvrir de nouvelles techniques, de nouvelles plateformes de découvertes culturelles… illégales, selon Hadopi, mais parfaitement utiles au rayonnement et à la diffusion de la culture.

Les industries du disques, les SACD et autres lobbies vont donc encore vaciller sur les trônes qu’ils se sont construits… les plateformes légales, de même, risque de se voir fragilisées puisque bien évidemment, nous l’avons dit, l’illégalité se développe sur un web qu’il serait pertinent d’arrêter de vouloir fliquer systématiquement.

Nous aurons toujours un temps d’avance.

A bon entendeur /-)

> Photograhies originales de Pierre Meunié prises lors la manifestation anti-Hadopi du 1er mai 2009

> Lapin crétin par Arthur40A sur Flickr

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Download Jiwa > Free the music ;) http://owni.fr/2009/11/08/download-jiwa-free-the-music/ http://owni.fr/2009/11/08/download-jiwa-free-the-music/#comments Sun, 08 Nov 2009 16:29:36 +0000 Admin http://owni.fr/?p=5319 Imath (ça rime avec pirate) nous propose un tutoriel pour télécharger de la musique via Jiwa »

Dimanche aprèm … Après une semaine fatiguante, je somnole sur internet et j’échoue pour quelques minutes sur Jiwa.fm, un site de streaming de musique à la deezer… Jusque là rien de particulier sauf que mon oeil droit s’attarde sur mon plugin firefox Download Helper. Les 3 petites boules () s’affolent.

Tiens y a du contenu à télécharger ;-) …

» La suite sur le blog d’Imath

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Les Pays-Bas tentent de couler les pirates /-) http://owni.fr/2009/08/26/les-pays-bas-tentent-de-couler-les-pirates/ http://owni.fr/2009/08/26/les-pays-bas-tentent-de-couler-les-pirates/#comments Wed, 26 Aug 2009 20:23:12 +0000 Stéphane Favereaux http://owni.fr/?p=2833 Après les démêles néerlandais de The Pirate Bay (http://owni.fr/2009/08/12/the-pirate-bay-le-galion-ne-prend-pas-totalement-l%E2%80%99eau/ ) dont le site ouvre et ferme pour rouvrir à nouveau pour le plus grand plaisir des Internautes, c’est au tour de Mininova, autre site de partage de fichiers torrent de perdre son procès contre la Brein. (association de lutte anti-piratage néerlandaise dont les membres sont issus de lobbies absolument charmants).

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Les tribunaux de ce pays dorénavant à la pointe de la lutte contre les site de pirates du Net contre lesquels ils luttent de plat et d’estoc ont donc condamné Mininova à 1000 € d’amende par fichier torrent amenant vers un contenu (musique, films, vidéo, etc.) protégé par le droit d’auteur jusqu’à hauteur de 5 millions d’€ !! The Pirate Bay avait lui écopé d’une peine maximale de 3M d’€… Cette astreinte s’appliquera dans la mesure où le site ne retire pas tous les liens illicites pointés du doigt de la justice.

Là où le droit d’auteur vit, le pirate trépasse !

A l’instar de TPB, Mininova est reconnu coupable de violation de droit d’auteur cependant que la justice anti-pirate stipule que le manque de précaution dans la mise à disposition des torrent aux internautes n’était pas suffisante. Bien que le site se soit engagé à faire le ménage sur ses terres pour qu’elles redeviennent propre à plaire aux admirateurs férus du droit d’auteur, cela ne semble pas avoir été un effort reconnu.

Une coopération avait été mise en place avec la MPA (Motion Picture Association) défendant l’industrie du cinéma pour filtrer les contenus soumis aux droit d’auteur… Malgré tout, si les administrateurs et modérateurs du site retiraient effectivement les fakes, les torrent pornographiques, les logiciels infectés, il n’en était pas de même pour les films ou encore les musiques laissés en partage… Une démonstration technique faite par le site qui finalement les mène droit dans le mur. Partant d’une bonne intention, le tri était sûrement trop sélectif au goût des tribunaux hollandais, pays pourtant au top de l’écologie…la défense de Mininova a donc coulé comme un galion sous les boulets rouges d’une justice qui avait pu s’entraîner avec The Pirate Bay…

Erik  Dubbelboer, cofondateur du site incriminé fera appel, évidemment, de cette décision.

Si en France Hadopi donne des idées à la justice anglaise (http://owni.fr/2009/08/17/god-save-hadopi/) ou même suisse (http://owni.fr/2009/07/29/net-suisse-et-web-police/ ), il est à craindre que ces condamnations à répétion au sein de la communauté européenne ne viennent aux oreilles de notre justice hadopienne… La lutte contre ce type de loi est donc loi d’être terminée… la rentrée parlementaire approche à pas pas tellement feutrés… Les boulets Hadopi sont dans les tubes, prêts à partir…

> Voir l’article original sur le (tout nouveau) blog de Stephane Favereau /-)

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Net Suisse et Web Police. http://owni.fr/2009/07/29/net-suisse-et-web-police/ http://owni.fr/2009/07/29/net-suisse-et-web-police/#comments Wed, 29 Jul 2009 11:12:33 +0000 Stéphane Favereaux http://owni.fr/?p=2144 N’aurions-nous, une fois n’est pas coutume, rien n’a envier à nos voisins helvètes en matière de politique répressive sur le Net ? De l’autre côté de la frontière alpestre, non loin des alpages où broutent de fiers herbivores dans une quiétude à faire pâlir d’envie un trader un jour de crack boursier, 20 plaintes pénales sont déposées en moyenne chaque mois. La police privée du Web veille au grain et à celui des auteurs et artistes nourris à la béquée par les majors.

Objets de toutes les convoitises de ces majors, ou plutôt de toutes les attentions de cette milice du web : les mêmes qu’en France. Les téléchargeurs, les pirates.

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Le grand manitou de l’IFPI (International Federation Of Producers Of Phonograms And Videograms, http://www.ifpi.ch/f/main_f.html ), Peter Vosseler, est très clair dans ses propos. Le représentant suisse des majors, tout autant actives sur les terres suisses que pour défendre hadopi, se trompe lui aussi de cible, à l’instar de son alter ego Pascal Nègre ou encore notre aimable ministre-auteur de la culture.

«Je reconnais que la création d’une police privée du Net n’est pas bonne. Mais pour notre business, c’est la seule chance que nous ayons de survivre.» dit-il. Le terme est lâché : business. Quid des artistes ? Un article d’avril 2009 publié par Swissinfo est édifiant à ce propos : http://www.swissinfo.ch/fre/sciences_technologies/Piratage_l_industrie_du_disque_contre_attaque.html?siteSect=514&sid=4863026&cKey=1081875577000&ty=st

Toutefois, le défenseur de la veuve héritière et de l’orphelin enrichi reconnaît que la justice suisse est souvent réticente face à ces dépôts systématiques de plainte contre les téléchargeurs.

L’IFPI, à la façon d’Hadopi et bientôt de Loppsi, voudrait impliquer les FAI, mais leur rôle pourrait être différent : ils seraient en charge d’une censure a priori des contenus. C’est selon Peter Vosseler un moyen sûr d’éviter le « trafic illégal de musique ».

Aurait-il suivi le mauvais exemple actuellement donné par la France ?

Opposition marquée

A la différence du pré carré défendu par le PDG d’Universal, qui ne provoque guère de réactions marquées, en Suisse, ce genre de méthodes mises en place par les patrons des majors et leurs représentants tendent à ne pas faire l’unanimité.

Le préposé fédéral à la protection des données et à la transparence (PFPDT, équivalent suisse de la CNIL, (http://www.edoeb.admin.ch/index.html?lang=fr ) a fait savoir qu’il s’opposait à ce que le Net soit fliqué pour débusquer les IP des pirates.

Hadopi / Loppsi, entends-tu cette voie qui se lève dans les alpages ? Elle pourrait résonner incessamment à tes oreilles grandes fermées. La société incriminée s’appelle Logistep. Celle-ci remet tranquillement à la justice, via l’IFPI, les IP des prétendus pirates du web

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Le problème se pose en ceci que la Suisse n’a pas légiféré comme c’est le cas chez nous… Logistep agit donc en toute impunité et dans la plus totale illégalité. Kosmas Tsiraktsopoulos, qui est de tous les combats sur les données numériques et leur protection, le désapprouve à l’évidence : «Nous déplorons d’abord la collecte massive d’adresses IP, qui sont des données personnelles, et ce sans cadre légal. Même l’Etat n’a aujourd’hui pas ces possibilités». Il s’agit donc bel et bien d’une « police » privée, payée par l’industrie musicale. Les plaintes au pénal sont pourtant déposées par l’IFPI ! S’ensuivent des menaces envoyées aux internautes, menaces de sanctions qui, en dehors d’un cadre légal n’ont guère de valeur.

Quoiqu’il en soit la Suisse lève un lièvre assez faramineux concernant l’accès aux données personnelles et leur utilisation « frauduleuses ».

Une justice tout juste injuste

La saisie des tribunaux par le PFPDT s’est soldée par un échec. Déboutée. Nage-t-on en pleine paranoïa helvète depuis que les débats Hadopi 2 font vrombir le Web par delà les frontières ? Le tribunal saisi a toutefois reconnu les méthodes plus que douteuses de Logistep. Pour aller au bout de son action, le tribunal fédéral a donc été chargé de l’affaire à son tour par la CNIL locale.

Pour ce qui concerne l’évolution de la situation, l’industrie du disque est défavorable à une haute autorité essentiellement répressive helvétique. « Couper l’accès au Net serait trop brutal [...] un filtrage du Net effectué par les opérateurs serait très intéressant.» dit P. Vosseler. « Sans base légale ou décision de justice, c’est exclu. » lui répond Christian Neuhaus, porte-parole de Swisscom.

Si le début de cet article pouvait faire penser à une situation proche de la nôtre, force est de constater que le débat est posé. Sans que rien ne soit imposé. Hadopi, elle ne passera pas par eux ! Nous aurons cependant une pensée émue pour les dirigeants de The Pirate Bay (http://thepiratebay.org/), encore et toujours poursuivis aux Etats-Unis avant de se racheter potentiellement une conduite (http://www.numerama.com/magazine/13528-La-vente-de-The-Pirate-Bay-remise-en-cause.html).

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