Un manager : est-ce bien raisonnable ?

Le 12 octobre 2010

Valéry, du blog BCommeBoxons invite les jeunes artistes à se poser cinq questions utiles avant de choisir un manager. Parce que ça peut servir de savoir dans quoi on s'engage.

Valéry est le fondateur du site BCommeBoxsons. Le présent article fait partie de son Guide pour les groupes indépendants. Il est également à l’origine du projet Net Emergence.

Oui c’est vrai ça. Les labels se cassent la gueule, personne ne comprend à quoi sert un éditeur, les tourneurs galèrent, les attachés de presse coutent trop cher, et le manager alors ? Un jour on annonce sa disparition (à l’époque où les contrats 360 se développaient), le lendemain on explique que c’est le futur sauveur (en tant que chef d’orchestre du Do it Yourself). Dans tous les cas, voici 5 questions à se poser avant de s’engager.

Qu’est-ce que cela va apporter au manager?

Si tu ne sais pas, il y a un problème. Manager, même à l’anglo-saxonne, c’est quand même un peu un boulot assez dur qui paye très très mal. Voire très très très mal. Un peu comme un type qui proposerait spontanément d’aller nettoyer les chiottes pour un quart de SMIC. Bref, c’est un peu comme au poker: si tu ne sais pas qui est le pigeon, c’est que c’est toi.

Tu attends quoi d’un manager?

Si tu ne sais pas non plus, décidément tu es léger. Mais même si tu sais il y a autant de façon de “manager” un groupe (je déteste le terme) que de manager. Et parfois un petit manager va faire du super boulot avec un groupe pendant qu’un gros manager a fait de la merde à coté. Question d’approche, de réseau et d’attentes. Tu rêves de passer sur TF1? Oui bah prend un manager qui est déjà infiltré si tu peux. Tu veux infiltrer le milieu indé, passer aux inrocks. OK, ben oublie le manager de TF1. Si tu n’es pas au clair sur ce que tu attends, tu ne peux pas vraiment choisir le bon manager.

Es-tu prêt à te voir représenté par cette personne ?

C’est un des éléments qu’on passe trop souvent sous silence. Ton nom, le nom de ton groupe vont être accolés à celui du manager. Il va parler pour toi, il te représentera auprès de professionnels. Ce n’est pas anodin. Ca peut même être destructeur. Le manager a besoin de pouvoir te représenter et discuter en ton nom. Ca ne veut pas dire qu’il décide à ta place, mais il peut parler en ton nom. Et le manager est comme l’humain normal, il parle plus quand il est bourré. Bref si ton manager se retrouve à poil une soirée sur deux, ça peut être intéressant hein, mais faut être sûr… Tu peux également choisir un fumier, quelqu’un de très très dur avec les autres et te planquer derrière en disant “moi je suis cool, c’est mon manager, il défend mes intérêts”.

Tu peux, plus vraisemblablement, choisir un pote, un fan ou ta grand-mère. Tu choisiras donc au hasard un pochtron qui négociera tes cachets en pintes, un type tellement énamouré qu’il acceptera tout ou une personne complètement larguée qui ne comprend rien à rien. Attention donc…

As-tu envie de travailler avec cette personne pour plus d’une année?

Non parce manager si ça se passe mal, ça peut durer une semaine (ça s’est vu) mais ça peut aussi durer 10 ans. C’est à dire que si ça se passe bien, ça peut. Donc c’est important de se poser la question (personnellement je pense que quand on n’a plus envie de bosser ensemble il faut arrêter).

Es-tu prêt à DONNER de l’argent à ton manager?

Parce que ça quand même ça risque d’arriver. Et, c’est amusant, mais dès qu’il s’agit de filer des thunes à un manager, c’est à dire de le payer, on trouve que non ben finalement c’est pas si bien son job, non vraiment hein. Donc pour éviter ça, c’est bien que les deux (groupes et manager) se prennent la tête sur l’argent avant de signer quoi que ce soit…

Article initialement publié sur BCommeBoxsons

Crédits photos : FlickR CC Great Beyond ; Carsten Knoch

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