Les data en forme
Cette semaine dans la veille des journalistes de données d'OWNI, la data flirte avec l'art, les sondages, le Do It Yourself, les Jeux Olympiques et la défense des femmes.
Commençons notre voyage data de la semaine par une destination inhabituelle : l’Afghanistan.
The Asian Foundation mène depuis sept ans une étude d’opinion sur la perception, par la population afghane, des changements politiques et des évolutions dans leur vie quotidienne.
En 2011, elle a interviewé 6 348 citoyens afghans, dans les 34 provinces du pays.
L’application interactive “Visualizing Afghanistan” permet de naviguer dans les résultats de cette étude, par trois entrées : chronologique (de 2006 à 2011), thématique (l’utilisateur peut sélectionner les questions en haut à droite) et cartographique, en accédant au détail des réponses par région.
Une granularité particulièrement révélatrice et utile pour mettre les données en perspective. Ainsi, à la question “Votre famille vit-elle mieux aujourd’hui que quand les Talibans étaient au pouvoir ?”, la réponse est mitigée dans la région du Sud (33% estime que non, 34% que oui), tandis que la région du centre (Hazarjat) est plus unanime : 67% déclarent mieux vivre qu’au temps des Talibans.
L’ouverture des données, version Singapour
Restons en Asie mais déplaçons nous un plus en bas à droite du planisphère, direction Singapour.
Là où un certain nombre d’acteurs, dont le Senseable city lab du MIT (Institut de technologie du Massachusetts), commence à en avoir assez que les données proposées au citoyen pour améliorer ses connaissances, se déplacer, se repérer dans une ville, soient majoritairement des données fixes, bien éloignées de la réalité de son besoin d’information.
“Pensez à l’incohérence des horaires des transports imprimés sur du papier, au fait de conduire jusqu’à des magasins pour trouver un produit en réalité en rupture de stock”, nous rappellent-ils, à juste titre.
Données dynamiques et temps réel sont donc le credo de leur projet LIVE Singapore!. Ils explorent plusieurs pistes, très prometteuses (représentation isochronique, croisement de données entre disponibilité des taxis et météo, etc.). Seul bémol, leur site présente une vidéo regroupant les six réalisations à cette date, mais n’offre pas la possibilité de naviguer individuellement dans chacun des projets.
A terme, LIVE Singapore! a pour ambition de produire une plate-forme où développeurs et citoyens pourront travailler de nouvelles idées liée à une API flexible et accessible et à de nouvelles techniques de visualisations de données. Cela ne vous rappelle rien ? Lisez leur description de projet : “redonner aux gens les données qu’ils ont eux même généré de par leurs actions, afin de leur permettre d’être mieux synchronisé avec leur environnement, et de prendre des décisions sur la base d’informations qui reflètent l’état actuel de leur cité”.
Autrement dit… ils font de l’Open Data.
Le respect des femmes en open source
Géolocalisation, crowdsourcing et data sautent à pieds joints cette semaine dans l’actualité, alors que deux journalistes ont annoncé la semaine dernière avoir été victimes d’agressions sexuelles en Egypte, alors qu’elles couvraient les évènements de la place Tahrir.
Ces évènements révèlent l’ampleur du problème du harcèlement des femmes, devenu un véritable fléau en Egypte : selon ECWR (The Egyptian Center for Women’s Rights ), 83% des femmes égyptiennes et 98% des femmes étrangères font l’objet d’un harcèlement en Egypte.
“The Harass Map” (“la carte du harcèlement”) propose aux femmes de signaler, de manière anonyme, les agressions sexuelles dont elles seraient victimes. Elles ont pour cela quatre moyens : par SMS, par twitter, par mail et par un formulaire sur le site. Le site agrège ensuite sur une carte les différents signalements.
La plate-forme est développée par Ushaidi, spécialisé dans la production de logiciels et plates-formes open source permettant le crowdsourcing et la géolocalisation. Ils avaient notamment mis en place une plate-forme après le séisme en Haïti pour aider à signaler les zones ayant besoin d’aide. Le système de SMS passe par Frontline SMS, projet open source également qui permet aux citoyens, ONG, d’envoyer gratuitement des SMS n’importe où à partir du moment où il y a un signal mobile.
Le projet souhaite réinvestir les revenus générés par les SMS dans des actions pour lutter contre le harcèlement des femmes.
L’art des données
C’est notre petite honte de la semaine : la découverte du site DataArt (existant visiblement depuis 2009), qui recense différentes expérimentations menées par la BBC et le Guardian.
Son objectif est à la fois de montrer que les frontières entre l’art et l’information sont désormais brouillées ; de donner les clefs à un public tant expert que non expert pour appréhender ces nouvelles formes de représentations de l’information, présenter les projets et enfin motiver le public à se saisir des données : un tel site méritait donc, pour son concept même, une place de choix dans notre chronique.
Et ce, malgré son péché originel de ne développer qu’en flash…
Chacun des projets présentés sur le site nécessiterait un paragraphe dans notre veille. Nous ne vous en présentons qu’un seul, pour un avant-goût, le NewsCloud.
Disponible pour la BBC comme pour le Guardian, cette application permet, sur un mot clef donné (par exemple ADN) de visualiser les différents mots qui y ont été associés dans les articles/reportages du média, depuis 2000. Navigation fluide et instinctive, contenu riche, pas de doute, la BBC et le Guardian tiennent toujours le haut du pavé de la data.
Un marathon sans les pieds
Ils sont tellement doués que nous n’allons pas quitter les Brits si vite.
Les 12-13 novembre derniers se tenait le Visualizing Marathon, organisé par General Electrics avec le soutien de Google.
L’objectif : à partir d’un set de données (ici, les résultats d’un sondage sur le sentiments des Britanniques face aux prochains Jeux Olympiques), travailler 24 h non stop pour proposer une visualisation, interactive ou non, de ce set de données.
Douze équipes étaient engagées, dont une française regroupant quatre étudiants de l’école de design de Nantes : Maxime Fabas, Thomas Dupeyrat, Ian Ardouin-Fumat et Maxime Leroy.
Ce dernier nous raconte son expérience :
Nous avons décidé de monter une application interactive, en Processing, mettant en relation les émotions des citoyens britanniques avec leur intérêt, ou non, pour les prochains Jeux Olympiques.
En effet, en nous baladant dans le set de données, nous avions repéré que près de 25% des personnes interrogées n’avaient un avis ni positif ni négatif sur la question des JO. Comme la thématique générale du Marathon était “Get the most from the Olympic Games” [Retirer le plus des Jeux Olympiques], il nous a semblé intéressant de cibler sur ces 25% qui semblaient peut être encore à convaincre.Nous avons passé six heures à explorer et traiter la base de données. Puis nous nous sommes séparés en deux duos, l’un pour le design de l’interface, l’autre pour le code, et nous avons travaillé pendant une bonne dizaine d’heures.
Comme nous sommes partis sur de l’interactif, nous avons été un peu juste au niveau du temps et trouvons notre produit pas tout à fait fini.
Mais l’expérience était vraiment exceptionnelle : ambiance excellente, nous avons beaucoup appris en regardant travailler les autres et l’introduction par David McCandless était bien sûr passionnante.
Vous pouvez consulter l’application réalisée par Maxime et ses amis ici, ainsi que l’ensemble des projets réalisés lors du Marathon.
Les étudiants nantais pourront rapidement mettre à profit, at home, ce qu’ils ont appris, alors que la communauté d’agglomération et la ville de Nantes ont lancé la semaine dernière leur portail Open Data : data.nantes.fr
De la dataviz dans la boîte à outils
Ou quand l’infographie prend place jusque dans votre cuisine. Conçue par PartSelect, une entreprise vendant des pièces détachées en ligne et affichant surtout une “passion pour le DIY (Do It Yourself)”, cette infographie interactive a pour ambition de vous aider à déterminer, quand un appareil électroménager (frigo, machine à laver, gazinière) a un problème, s’il est plus rentable d’en racheter un ou de le réparer.
Pour cela, pour deux types de problèmes par appareil ménager, l’infographie vous présente la ou les causes potentielles, la facilité de réparation (note de 1 à 5), le prix de réparation (avec un code couleur du plus au moins cher) et enfin quelle partie de l’appareil est en cause.
Voilà qui aurait ravi la femme des années 60.
“Money for nothing”
Si vous suivez de près ou de loin la planète data, vous avez forcément vu passer cette ENORME infographie, sobrement intitulée “Money”. Enorme en taille, énorme dans le nombre de données traitées, énorme dans l’ambition : “chart of (almost) all of it, where is it and what it can do” (“un graphique de (presque) tout sur l’argent, où il est et ce qu’il peut faire”).
Impressionnant certes, mais il nous a semblé que le gigantisme de cette infographie se faisait au détriment de sa pertinence et de sa lisibilité. La division en chapitre, le tout inséré dans une web app aurait sûrement rendu davantage justice au considérable travail réalisé sur les données.
La traque du politique
Petit dernier pour la route, pour inaugurer la période intensément politique qui ne va pas manquer de s’ouvrir, jetez un coup d’oeil au baromètre de popularité, “Poll tracker” produit par USA Today qui met en scène la course pour la primaire républicaine.
Retrouvez les précédents épisodes des Data en forme !
Laisser un commentaire